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Paysagisme vs éco-paysagisme : quelles différences, pour quels bénéfices ?

    Avec la prise de conscience écologique et l’émergence de nouvelles pratiques en matière d’aménagement extérieur, l’éco-paysagisme suscite de plus en plus d’intérêt. Mais en quoi se distingue-t-il du paysagisme « classique » ? Pourquoi envisager ce type d’approche ? Dans cet article, nous allons définir ces deux concepts, mettre en lumière leurs différences majeures et expliquer les bénéfices qu’offre l’éco-paysagisme pour l’environnement et la qualité de vie.

    Définition et principes fondamentaux

    Le paysagisme traditionnel, souvent qualifié de « classique », se concentre avant tout sur la recherche d’un rendu visuel et d’une fonctionnalité immédiate. Il s’agit alors de concevoir des jardins, des parcs ou tout autre espace vert en privilégiant l’esthétique, qu’il s’agisse de la forme, de la couleur ou de l’agencement des végétaux. Cette approche peut entraîner l’utilisation de plantes exotiques ou très ornementales, de techniques d’arrosage intensives, voire de produits phytosanitaires, sans toujours tenir compte des enjeux environnementaux à plus long terme. À l’inverse, l’éco-paysagisme repose sur une intégration systématique de la préservation de la biodiversité et de la gestion raisonnée des ressources dès la phase de conception. Il met l’accent sur la sélection de végétaux endémiques, le maintien d’un sol vivant, la création d’habitats favorables aux insectes ou aux petits animaux, et le bannissement total d’intrants chimiques. En tenant compte des processus naturels et du cycle de la faune et de la flore, cette démarche contribue à l’équilibre global des écosystèmes tout en proposant un cadre de vie bas carbone, plus harmonieux et résilient.

    Les différences majeures entre paysagisme et éco-paysagisme

    Sélection des végétaux

    La sélection des plantes illustre la première distinction notable. Le paysagisme traditionnel s’oriente généralement vers des essences principalement choisies pour leur valeur ornementale, quitte à recourir à des espèces exotiques plus exigeantes en eau ou plus sensibles aux maladies locales. L’éco-paysagisme, au contraire, privilégie des végétaux endémiques et résistants, adaptés aux conditions climatiques et pédologiques du site. Cette approche limite les besoins en arrosage et en traitements, tout en favorisant le développement d’une biodiversité locale riche et variée.

    Gestion de l’eau et des ressources

    La manière de gérer l’eau et les ressources constitue un second écart important. Le paysagisme classique s’appuie souvent sur un arrosage intensif et des apports d’engrais chimiques pour soutenir la croissance et l’esthétique des plantations. L’éco-paysagisme adopte une perspective plus respectueuse de l’environnement en misant sur des techniques d’économie de l’eau, comme le paillage, la récupération des eaux de pluie ou le recours à des systèmes d’arrosage ciblés et moins gourmands. Cette démarche englobe également le bannissement des intrants chimiques, afin de préserver la qualité des sols et d’éviter la pollution des nappes phréatiques.

    Entretien et impact environnemental

    L’entretien du jardin illustre une troisième différence entre ces deux approches. Dans un cadre traditionnel, l’accent est mis sur des tontes ou des tailles répétées, ainsi que sur l’usage de produits phytosanitaires pour éliminer rapidement les indésirables. L’éco-paysagisme préfère limiter les interventions en laissant certaines zones en jachère ou en fauche tardive, de manière à ménager des habitats pour la faune et à respecter la croissance naturelle des plantes. Cette réduction des pratiques invasives, conjuguée à l’absence de produits chimiques agressifs, améliore la santé globale de l’environnement et limite l’empreinte écologique.Cela permet ainsi aux végétaux de fleurir et de fructifier et de garantir un certaine “tranquillité” des habitats naturels nécessaires à la reproduction, la migration et à l’alimentation de la faune locale. 

    Objectifs et finalité

    Les objectifs et la finalité de ces deux démarches se distinguent également. Le paysagisme traditionnel vise essentiellement l’esthétique immédiate, en s’attachant avant tout au rendu visuel des espaces extérieurs. L’éco-paysagisme, quant à lui, recherche un équilibre à plus long terme, dans lequel l’harmonie visuelle s’allie à la fonctionnalité et à la préservation de la biodiversité. Cette démarche accorde une place centrale aux processus naturels, à la résilience des écosystèmes et au bien-être des usagers, qui bénéficient d’un cadre de vie plus sain et plus durable. C’est ce qu’on appelle la gestion différenciée.

    Les bénéfices de l’éco-paysagisme

    Protection de la biodiversité

    Grâce à la plantation de végétaux indigènes, à l’installation de nichoirs ou d’hôtels à insectes, l’éco-paysagisme crée de véritables corridors écologiques. Les pollinisateurs et la petite faune trouvent ainsi un refuge, ce qui enrichit la diversité biologique locale.

    Présence des trois strates végétales (arbres, arbustes, plantes herbacées et lianes) adaptées au sol et à l’environnement  pour garantir dans chaque jardin des biotopes variés fonctionnel pour la biodiversité locale.

    Résilience face au changement climatique

    En privilégiant des plantes adaptées au climat et en tenant compte de la gestion des eaux pluviales (désimperméabilisation, récupération d’eau de pluie), un jardin éco-conçu résiste mieux aux canicules ou aux fortes précipitations. Des îlots de fraîcheur peuvent également être créés pour limiter les îlots de chaleur, surtout en zone urbaine.

    Économies et durabilité

    Moins d’arrosage, et pas de traitements chimiques, réduction de l’entretien intensif… Tout cela se traduit par des coûts de maintenance plus faibles sur le long terme. De plus, les plantes endémiques sont souvent moins vulnérables aux maladies et parasites.

    Cette démarche moins intrusive pour les végétaux et la biodiversité permet également de réduire les émissions de carbone liées à l’entretien grâce au recyclage de la matière organique in situ (parc à feuille, zone de compostage…) et par une fréquence d’entretien moins régulière mais mieux ciblée et enfin par l’utilisation d’outils électriques plutôt que thermiques.

    Qualité de vie et esthétique naturelle

    Contrairement aux idées reçues, l’éco-paysagisme propose une esthétique naturelle et chaleureuse, offrant un contact plus intime avec la nature. Les jardins conçus dans cet esprit répondent aux attentes des usagers en quête de bien-être, tout en valorisant le patrimoine local et le paysage environnant.

    Comment passer du paysagisme classique à l’éco-paysagisme ?

    Étapes clés

    1. Diagnostic initial : analyse du sol, du climat et des usages souhaités.
    2. Sélection de végétaux adaptés composés des trois strates végétales : plantes endémiques, vivaces, arbustes robustes.
    3. Plan d’aménagement : intégrer des zones de permaculture, de jachère, des allées perméables, etc.
    4. Mise en œuvre : installer paillages, nichoirs, hôtels à insectes, systèmes d’arrosage raisonné, etc.

    Outils et techniques

    • Paillage naturel (bois raméal fragmenté, paille, tontes) pour enrichir le sol et limiter l’évaporation.
    • Compostage pour un apport régulier d’éléments nutritifs sans recourir à des engrais chimiques.
    • Nichoirs, hôtels à insectes et plantes mellifères pour renforcer l’écosystème.
    • Taille en forme libre : elle assure fleurissement et fructification et elle est facilitée par les outils manuels (sécateurs de force par exemple)